Le Monde dédie un article au Slot !!
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CiRSO 32 circuit routier | Haute-Garonne | Venerque :: Culture Slot : les nouveautés, l’histoire, les anecdotes : tout ce qu’il faut pour briller en société … :: Ciné, Livres, Musique, Pub, etc… Tout ce qui à un rapport (ou pas !) avec les voitures
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Le Monde dédie un article au Slot !!
Bonjour à tous,
Surprise du 24/12 : Un article du Monde sur le slot !
Rien de confondant pour nous autres, mais bienveillant et ca fait toujours plaisir à lire
aRTChttps://www.lemonde.fr/societe/article/2021/12/24/sur-les-circuits-electriques-petites-autos-et-grands-enfants_6107178_3224.html
Bonne lecture
Surprise du 24/12 : Un article du Monde sur le slot !
Rien de confondant pour nous autres, mais bienveillant et ca fait toujours plaisir à lire
aRTChttps://www.lemonde.fr/societe/article/2021/12/24/sur-les-circuits-electriques-petites-autos-et-grands-enfants_6107178_3224.html
Bonne lecture
Diegop- Nombre de messages : 126
Date d'inscription : 08/04/2015
Re: Le Monde dédie un article au Slot !!
ah mince, c'est dans la partie abonnés...
Un petit copier-coller des familles pour partager ca entre nous ! mais il manquera les photos ^^
Joyeux Noel !
***
Dans les sous-sols ou les greniers, en club pour les plus chanceux ou dans leur chambre pour les plus zélés, des milliers d’adultes entretiennent leurs rêves de jeunesse en faisant vrombir Matra, Porsche et autres bolides sur des circuits électriques toujours plus élaborés.
Tous les vendredis, c’est pareil. Sur le coup de 20 heures, un sifflement étrange et persistant s’échappe de l’arrière-cour du bureau de poste de La Mothe-Saint-Héray (Deux-Sèvres). Plus précisément, de l’ancien bâtiment du tri. Derrière les vitres embuées, des silhouettes s’affairent. Une escouade de prothésistes dentaires en heures sup ? Des kékés scootéristes en plein tripatouillage de silencieux à la veille d’un week-end drift et wheeling ? Un ensemble de scies musicales en répétition ? Des pâtissiers amateurs jouant du mixeur en vue d’un télécrochet gourmand ? Vous faites fausse route.
Ce sifflement, c’est celui de petites voitures roulant à tout berzingue sur un circuit électrique de 29 mètres à six voies. Les silhouettes appartiennent aux membres de Slot 79, l’un des cinquante clubs français du genre. Le décor est digne d’un album de Michel Vaillant. Ambiance 24 Heures du Mans. Le regard des pilotes est aimanté par les bolides. Ils ont en main une poignée revolver, dont la queue de détente commande les accélérations et les freinages. On se double. On se redouble. Le sifflement enfle. Dans les virages, on dérape. Il arrive qu’on parte en tonneaux quand ce n’est pas en vol plané. L’air sent bon l’huile Teflon et le caoutchouc chaud.
Sur un long établi, prototypes et monoplaces, toutes échelles (1/32e, 1/24e) et toutes époques confondues, attendent leur tour – Ferrari, Porsche, Alfa Romeo, Matra, etc. A leurs pieds, un mikado de tournevis de précision. Plus loin, une fouace mothaise de la pâtisserie Favreau (rue du Maréchal-Joffre) en cas de fringale. On imaginait trouver là des adolescents en rupture de console, éventuellement des scouts en goguette. Encore raté. La moyenne d’âge emprunte la courbe ascendante de l’inflation vénézuélienne (+ 3 000 % en 2020). C’est une affaire de génération. Celle des « trente glorieuses ». Bienvenue chez les très grands enfants !
En ce moment précis, le président, Régis Brunet, 60 ans, néoretraité, s’escrime à déjouer les pièges des esses de la descente au volant d’une Porsche 997. Il est concentré. Heureux. Il a succombé à la passion dans les années 1970, à Saint-Maixent-l’Ecole (Deux-Sèvres) : « Il y avait une piste à la MJC [Maison des jeunes et de la culture]. Ça m’a plu. En rentrant du service militaire, je suis devenu président du club. » Comme il a déménagé et qu’il n’a jamais eu assez de place chez lui pour héberger un autodrome, il a fréquenté la salle de bal du café La Boule d’or, à Croutelle (Vienne), où se nichait une piste géante et tortueuse, avant de fonder Slot 79, en 2014.
Au fait, pourquoi « slot » ? Parce que les voitures se dirigent sur la piste par le truchement d’un guide qui vient se loger dans une rainure faisant office de voie. Système popularisé en 1957 par la marque Scalextric. Son inventeur, Fred Francis, était sujet de Sa Gracieuse Majesté la reine Elizabeth II. En anglais, rainure se dit slot. Donc, voilà. Quant à 79, c’est le numéro du département des Deux-Sèvres. A noter que l’annuaire de la spécialité mentionne, entre autres, un Mistral Slot Racing (La Fare-les-Oliviers, Bouches-du-Rhône), un Penn Ar Slot (Saint-Renan, Finistère) et un Slot Club gaulois (Clermont-Ferrand).
Si cet esprit club, héritage anglo-saxon des swinging sixties, perdure, c’est que le slot est un sport collectif. A La Mothe-Saint-Héray, ils sont quatorze à se tirer la bourre. « En 2019, nous étions trente-trois », insiste Régis Brunet. Comme partout ailleurs, la pandémie de Covid-19 a brisé l’élan associatif. Ceux qui restent sont des preux : Dominique Barthomeuf, 57 ans, le Fangio local, Frédéric Pacher, 58 ans, le technicien du lot, qui veille sur les 600 mètres de câbles de l’installation, Jean-Jacques Chabeaud, 75 ans, joueur d’échecs reconverti, initié dès l’adolescence sur les circuits mythiques du Drugstore d’Angoulême et de la rue Erlanger (Paris 16e).
Fous du volant, modélistes ou bricoleurs
Il est possible de venir en famille. David Auvray, 48 ans, est escorté de son fils, Théo, 17 ans, grand espoir du Slot 79, et de sa fille, Lucia, 10 ans, pas maladroite non plus. Le président Brunet ne joue jamais sans madame, Jocelyne, 70 ans, qui fait un malheur avec son Alfa Romeo Giulia GTA blanche. Tous ensemble, ils préparent des courses : les 14 Heures de Tarbes, les 24 Heures de Bordeaux et, surtout, le Confolens Classic, emporté par Dominique et Théo en 2019. Une épreuve prisée, courue sur une piste en bois couleur vert pomme de 49 mètres, surnommée The Green Monster (« le monstre vert ») par les experts anglais, qui en ont pourtant vu d’autres.
Mais rien n’oblige les pilotes de slot à s’encarter. La plupart sont d’ailleurs indépendants. Ils roulent à domicile, logent leur piste au grenier, à la cave, dans le garage, voire plus si affinités. Ainsi, Gilles Labrouche, 56 ans, lui a réservé un étage entier de sa maison de Bourges. Quant à André Béliard, 62 ans, il avait déployé la sienne dans son deux-pièces niçois de jeune marié. « Les rails passaient sous le lit nuptial après un crochet par la salle de bains et une déviation vers la cuisine », décrit-il. Il n’était donc pas rare de croiser la Lotus de Jim Clark le matin, au petit déjeuner, et la Matra d’Henri Pescarolo, le soir, en allant se laver les dents.
Depuis quelques mois, Marc Loisel, 64 ans, Francilien de toujours, construit un circuit avec son frère Serge, 62 ans, et un copain, Philippe Jouan, 58 ans. Après des années de quête, ils ont trouvé l’espace nécessaire chez l’un d’entre eux à la faveur d’un déménagement. Au programme : un quatre-voies de 5,50 mètres de long et 2 mètres de large. Le tracé a fait l’objet d’âpres négociations tripartites. Extension envisageable. « On a déjà fabriqué le plateau qui va recevoir les rails et on a posé des bordures en mousse pour éviter les sorties de route fatales, raconte Marc Loisel. On y travaille tous les jours. On a du temps : on est à la retraite. »
La tribu des sloteurs compte plusieurs familles. Il y a les fous du volant, qui n’aiment rien tant que la vitesse et ses excès. Il y a les modélistes, qui montent leurs voitures à l’aide de brucelles à pression inversée et triturent le nuancier RAL à n’en plus finir. Il y a les bricoleurs, qui fignolent pistes, moteurs et châssis et surfent jusqu’à la promesse de l’aube sur des sites dont même le deep Web ignorait l’existence. Il y a les panoramistes, qui transforment leur circuit en crèche. Il y a les fondus du rail plastique et les accros aux pistes en bois, question de grip. Il y a les fidèles de l’analogique et les pionniers du numérique.
Pour ceux qui ont deux mains gauches, reste la solution du clé-en-main. Adresse de référence : Trajectoire 1:32. A sa tête : Denis Bontemps, 54 ans, sloteur devant l’Eternel, spécialiste du mobilier de bureau et de l’aménagement intérieur. « En 2019, j’ai tout lâché pour ma passion, confie-t-il. Je fabriquais déjà mes voitures. Je me suis mis à proposer des circuits avec piste en bois. » Des dioramas d’exception avec stands, tribunes, passerelles Dunlop, forêts de mélèzes, spectateurs et mécanos par centaines, qui ne sont pas sans rappeler la spectaculaire piste de rallye d’Annemasse (Haute-Savoie), circa 1997, signée du maître Gérard Caupène.
« Je conçois le tracé, ni trop simpliste ni trop technique, et le décor, en déterminant un type de paysage et une époque de référence, explique-t-il. Je travaille l’ensemble en CAO [conception assistée par ordinateur]. Le client valide et je lance la fabrication. » Délai : de trois à dix-huit mois. Sa dernière réalisation, un circuit de 21 mètres, s’est vendue 75 000 euros. Le plus sophistiqué des coffrets Scalextric, qui offre une piste plastique de 5,32 mètres, livrée sans décor, vaut 280 euros. Chez Carrera, autre poids lourd du secteur, compter 340 euros pour 7,30 mètres de rails. Le lecteur aura calculé de lui-même. Peut-on encore parler de jouets ?
La question des voitures est bien plus délicate, rapport au risque de collectionnite aiguë. « Les premières autos étaient assez sommaires, se souvient Gilles Labrouche. Dans les années 1990, le constructeur espagnol Fly a produit des modèles dont le niveau de finition approchait celui du modélisme. Les autres fabricants ont suivi. On a tous craqué. » Aujourd’hui, il avoue en posséder deux cents exemplaires. Régis Brunet en annonce trois cents, Denis Bontemps quatre cents, Dominique Barthomeuf mille cinq cents, soigneusement rangés dans des cantines de l’armée française. Pas mieux. Prix d’entrée : 50 euros pièce. Quand on aime, mieux vaut ne pas savoir compter.
Tous accros, de Belmondo à Mariah Carey
Personne ne résiste. Les Beatles ont joué, entre deux concerts. Johnny Hallyday s’y était mis, à l’image d’Elvis Presley. Jean Rochefort ne manquait pas de défier Philippe Noiret et Jean-Paul Belmondo au secret de son haras d’Auffargis (Yvelines). Dans Le Scandale (Claude Chabrol, 1967), Maurice Ronet pilote, tout comme Annie Cordy et Marlène Jobert dans Le Passager de la pluie (René Clément, 1970). John Steed « slote » pour les besoins de Chapeau melon et bottes de cuir, Danny Wilde et Brett Sinclair pour ceux d’Amicalement vôtre et Mariah Carey pour pimenter son clip Touch My Body. On dit que François Fillon pratique.
Une condition, semble-t-il : aimer la voiture. Eperdument. Jean-Jacques Chabeaud a couru en rallye à la belle époque des R8 Gordini. Gilles Labrouche est photographe automobile. Marc Loisel participe au Tour Auto, le grand rendez-vous des véhicules historiques. André Béliard a visité dix-sept ou dix-huit fois le Musée Matra de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher). « Mon père était routier et mécano. J’ai baigné dans le cambouis toute petite », confie Jocelyne Brunet. A la vue d’une Jaguar Type C revêtue du fameux British Racing Green (BRG), Dominique Milon, 57 ans, chef de service éducatif, est frappé du syndrome de Stendhal.
Il est grand temps de consulter. Ludovic Drillet, 53 ans, psychiatre nantais, lui-même pratiquant, a trouvé une réponse dans la théorie de la zone d’illusion créatrice de Donald W. Winnicott : « En situation de jeu comme celle du circuit routier, on a tous les âges à la fois – 12 ans, comme l’enfant qu’on a été, 25 ans, comme le champion qu’on rêve d’être, et 50 ans, comme l’homme qu’on est devenu. On est spectateur et acteur. On est au fond d’une cave et dans la ligne droite des Hunaudières. On rêve et on est éveillé. Rien ne se contredit. L’imaginaire est là. Ça construit et ça procure du plaisir. On le voit sur le visage des gens. »
Quand il émerge du sous-sol de son pavillon de Thouars (Deux-Sèvres), moustache en bataille, pupille dilatée par les vapeurs de cette essence F dont il se sert pour lustrer ses rails, Dominique Milon lance aux siens passablement inquiets : « Je crois que je me suis encore bien amusé. » « Après quelques tours, je suis en osmose avec la voiture, admet Dominique Barthomeuf. Elle vole au-dessus de la piste et je flotte avec elle. » Les longues soirées de slot entre copains organisées par Gilles Labrouche fleurent la nostalgie. « Ça me rappelle Noël », glisse Denis Bontemps.
Et oui, tout a commencé sous un sapin. Le circuit routier électrique, c’était le cadeau idéal d’un père à son fils. Un passage de témoin. Un legs. Mais à qui est vraiment destiné ce jeu singulier ? On l’offre aux gamins mais ce sont les adultes qui en rêvent. C’est en grandissant qu’on prend toute la mesure du génie impertinent de cette reconstruction du réel, fascinante petite machine à remonter le temps qui passe, à conjurer les temps qui changent. Sinon pourquoi les vitres embuées de l’ancien local de tri du bureau de poste de La Mothe-Saint-Héray continueraient-elles à diffuser leur lumière mélancolique tel un fanal dans la nuit sucrée de l’enfance ?
Un petit copier-coller des familles pour partager ca entre nous ! mais il manquera les photos ^^
Joyeux Noel !
***
Dans les sous-sols ou les greniers, en club pour les plus chanceux ou dans leur chambre pour les plus zélés, des milliers d’adultes entretiennent leurs rêves de jeunesse en faisant vrombir Matra, Porsche et autres bolides sur des circuits électriques toujours plus élaborés.
Tous les vendredis, c’est pareil. Sur le coup de 20 heures, un sifflement étrange et persistant s’échappe de l’arrière-cour du bureau de poste de La Mothe-Saint-Héray (Deux-Sèvres). Plus précisément, de l’ancien bâtiment du tri. Derrière les vitres embuées, des silhouettes s’affairent. Une escouade de prothésistes dentaires en heures sup ? Des kékés scootéristes en plein tripatouillage de silencieux à la veille d’un week-end drift et wheeling ? Un ensemble de scies musicales en répétition ? Des pâtissiers amateurs jouant du mixeur en vue d’un télécrochet gourmand ? Vous faites fausse route.
Ce sifflement, c’est celui de petites voitures roulant à tout berzingue sur un circuit électrique de 29 mètres à six voies. Les silhouettes appartiennent aux membres de Slot 79, l’un des cinquante clubs français du genre. Le décor est digne d’un album de Michel Vaillant. Ambiance 24 Heures du Mans. Le regard des pilotes est aimanté par les bolides. Ils ont en main une poignée revolver, dont la queue de détente commande les accélérations et les freinages. On se double. On se redouble. Le sifflement enfle. Dans les virages, on dérape. Il arrive qu’on parte en tonneaux quand ce n’est pas en vol plané. L’air sent bon l’huile Teflon et le caoutchouc chaud.
Sur un long établi, prototypes et monoplaces, toutes échelles (1/32e, 1/24e) et toutes époques confondues, attendent leur tour – Ferrari, Porsche, Alfa Romeo, Matra, etc. A leurs pieds, un mikado de tournevis de précision. Plus loin, une fouace mothaise de la pâtisserie Favreau (rue du Maréchal-Joffre) en cas de fringale. On imaginait trouver là des adolescents en rupture de console, éventuellement des scouts en goguette. Encore raté. La moyenne d’âge emprunte la courbe ascendante de l’inflation vénézuélienne (+ 3 000 % en 2020). C’est une affaire de génération. Celle des « trente glorieuses ». Bienvenue chez les très grands enfants !
En ce moment précis, le président, Régis Brunet, 60 ans, néoretraité, s’escrime à déjouer les pièges des esses de la descente au volant d’une Porsche 997. Il est concentré. Heureux. Il a succombé à la passion dans les années 1970, à Saint-Maixent-l’Ecole (Deux-Sèvres) : « Il y avait une piste à la MJC [Maison des jeunes et de la culture]. Ça m’a plu. En rentrant du service militaire, je suis devenu président du club. » Comme il a déménagé et qu’il n’a jamais eu assez de place chez lui pour héberger un autodrome, il a fréquenté la salle de bal du café La Boule d’or, à Croutelle (Vienne), où se nichait une piste géante et tortueuse, avant de fonder Slot 79, en 2014.
Au fait, pourquoi « slot » ? Parce que les voitures se dirigent sur la piste par le truchement d’un guide qui vient se loger dans une rainure faisant office de voie. Système popularisé en 1957 par la marque Scalextric. Son inventeur, Fred Francis, était sujet de Sa Gracieuse Majesté la reine Elizabeth II. En anglais, rainure se dit slot. Donc, voilà. Quant à 79, c’est le numéro du département des Deux-Sèvres. A noter que l’annuaire de la spécialité mentionne, entre autres, un Mistral Slot Racing (La Fare-les-Oliviers, Bouches-du-Rhône), un Penn Ar Slot (Saint-Renan, Finistère) et un Slot Club gaulois (Clermont-Ferrand).
Si cet esprit club, héritage anglo-saxon des swinging sixties, perdure, c’est que le slot est un sport collectif. A La Mothe-Saint-Héray, ils sont quatorze à se tirer la bourre. « En 2019, nous étions trente-trois », insiste Régis Brunet. Comme partout ailleurs, la pandémie de Covid-19 a brisé l’élan associatif. Ceux qui restent sont des preux : Dominique Barthomeuf, 57 ans, le Fangio local, Frédéric Pacher, 58 ans, le technicien du lot, qui veille sur les 600 mètres de câbles de l’installation, Jean-Jacques Chabeaud, 75 ans, joueur d’échecs reconverti, initié dès l’adolescence sur les circuits mythiques du Drugstore d’Angoulême et de la rue Erlanger (Paris 16e).
Fous du volant, modélistes ou bricoleurs
Il est possible de venir en famille. David Auvray, 48 ans, est escorté de son fils, Théo, 17 ans, grand espoir du Slot 79, et de sa fille, Lucia, 10 ans, pas maladroite non plus. Le président Brunet ne joue jamais sans madame, Jocelyne, 70 ans, qui fait un malheur avec son Alfa Romeo Giulia GTA blanche. Tous ensemble, ils préparent des courses : les 14 Heures de Tarbes, les 24 Heures de Bordeaux et, surtout, le Confolens Classic, emporté par Dominique et Théo en 2019. Une épreuve prisée, courue sur une piste en bois couleur vert pomme de 49 mètres, surnommée The Green Monster (« le monstre vert ») par les experts anglais, qui en ont pourtant vu d’autres.
Mais rien n’oblige les pilotes de slot à s’encarter. La plupart sont d’ailleurs indépendants. Ils roulent à domicile, logent leur piste au grenier, à la cave, dans le garage, voire plus si affinités. Ainsi, Gilles Labrouche, 56 ans, lui a réservé un étage entier de sa maison de Bourges. Quant à André Béliard, 62 ans, il avait déployé la sienne dans son deux-pièces niçois de jeune marié. « Les rails passaient sous le lit nuptial après un crochet par la salle de bains et une déviation vers la cuisine », décrit-il. Il n’était donc pas rare de croiser la Lotus de Jim Clark le matin, au petit déjeuner, et la Matra d’Henri Pescarolo, le soir, en allant se laver les dents.
Depuis quelques mois, Marc Loisel, 64 ans, Francilien de toujours, construit un circuit avec son frère Serge, 62 ans, et un copain, Philippe Jouan, 58 ans. Après des années de quête, ils ont trouvé l’espace nécessaire chez l’un d’entre eux à la faveur d’un déménagement. Au programme : un quatre-voies de 5,50 mètres de long et 2 mètres de large. Le tracé a fait l’objet d’âpres négociations tripartites. Extension envisageable. « On a déjà fabriqué le plateau qui va recevoir les rails et on a posé des bordures en mousse pour éviter les sorties de route fatales, raconte Marc Loisel. On y travaille tous les jours. On a du temps : on est à la retraite. »
La tribu des sloteurs compte plusieurs familles. Il y a les fous du volant, qui n’aiment rien tant que la vitesse et ses excès. Il y a les modélistes, qui montent leurs voitures à l’aide de brucelles à pression inversée et triturent le nuancier RAL à n’en plus finir. Il y a les bricoleurs, qui fignolent pistes, moteurs et châssis et surfent jusqu’à la promesse de l’aube sur des sites dont même le deep Web ignorait l’existence. Il y a les panoramistes, qui transforment leur circuit en crèche. Il y a les fondus du rail plastique et les accros aux pistes en bois, question de grip. Il y a les fidèles de l’analogique et les pionniers du numérique.
Pour ceux qui ont deux mains gauches, reste la solution du clé-en-main. Adresse de référence : Trajectoire 1:32. A sa tête : Denis Bontemps, 54 ans, sloteur devant l’Eternel, spécialiste du mobilier de bureau et de l’aménagement intérieur. « En 2019, j’ai tout lâché pour ma passion, confie-t-il. Je fabriquais déjà mes voitures. Je me suis mis à proposer des circuits avec piste en bois. » Des dioramas d’exception avec stands, tribunes, passerelles Dunlop, forêts de mélèzes, spectateurs et mécanos par centaines, qui ne sont pas sans rappeler la spectaculaire piste de rallye d’Annemasse (Haute-Savoie), circa 1997, signée du maître Gérard Caupène.
« Je conçois le tracé, ni trop simpliste ni trop technique, et le décor, en déterminant un type de paysage et une époque de référence, explique-t-il. Je travaille l’ensemble en CAO [conception assistée par ordinateur]. Le client valide et je lance la fabrication. » Délai : de trois à dix-huit mois. Sa dernière réalisation, un circuit de 21 mètres, s’est vendue 75 000 euros. Le plus sophistiqué des coffrets Scalextric, qui offre une piste plastique de 5,32 mètres, livrée sans décor, vaut 280 euros. Chez Carrera, autre poids lourd du secteur, compter 340 euros pour 7,30 mètres de rails. Le lecteur aura calculé de lui-même. Peut-on encore parler de jouets ?
La question des voitures est bien plus délicate, rapport au risque de collectionnite aiguë. « Les premières autos étaient assez sommaires, se souvient Gilles Labrouche. Dans les années 1990, le constructeur espagnol Fly a produit des modèles dont le niveau de finition approchait celui du modélisme. Les autres fabricants ont suivi. On a tous craqué. » Aujourd’hui, il avoue en posséder deux cents exemplaires. Régis Brunet en annonce trois cents, Denis Bontemps quatre cents, Dominique Barthomeuf mille cinq cents, soigneusement rangés dans des cantines de l’armée française. Pas mieux. Prix d’entrée : 50 euros pièce. Quand on aime, mieux vaut ne pas savoir compter.
Tous accros, de Belmondo à Mariah Carey
Personne ne résiste. Les Beatles ont joué, entre deux concerts. Johnny Hallyday s’y était mis, à l’image d’Elvis Presley. Jean Rochefort ne manquait pas de défier Philippe Noiret et Jean-Paul Belmondo au secret de son haras d’Auffargis (Yvelines). Dans Le Scandale (Claude Chabrol, 1967), Maurice Ronet pilote, tout comme Annie Cordy et Marlène Jobert dans Le Passager de la pluie (René Clément, 1970). John Steed « slote » pour les besoins de Chapeau melon et bottes de cuir, Danny Wilde et Brett Sinclair pour ceux d’Amicalement vôtre et Mariah Carey pour pimenter son clip Touch My Body. On dit que François Fillon pratique.
Une condition, semble-t-il : aimer la voiture. Eperdument. Jean-Jacques Chabeaud a couru en rallye à la belle époque des R8 Gordini. Gilles Labrouche est photographe automobile. Marc Loisel participe au Tour Auto, le grand rendez-vous des véhicules historiques. André Béliard a visité dix-sept ou dix-huit fois le Musée Matra de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher). « Mon père était routier et mécano. J’ai baigné dans le cambouis toute petite », confie Jocelyne Brunet. A la vue d’une Jaguar Type C revêtue du fameux British Racing Green (BRG), Dominique Milon, 57 ans, chef de service éducatif, est frappé du syndrome de Stendhal.
Il est grand temps de consulter. Ludovic Drillet, 53 ans, psychiatre nantais, lui-même pratiquant, a trouvé une réponse dans la théorie de la zone d’illusion créatrice de Donald W. Winnicott : « En situation de jeu comme celle du circuit routier, on a tous les âges à la fois – 12 ans, comme l’enfant qu’on a été, 25 ans, comme le champion qu’on rêve d’être, et 50 ans, comme l’homme qu’on est devenu. On est spectateur et acteur. On est au fond d’une cave et dans la ligne droite des Hunaudières. On rêve et on est éveillé. Rien ne se contredit. L’imaginaire est là. Ça construit et ça procure du plaisir. On le voit sur le visage des gens. »
Quand il émerge du sous-sol de son pavillon de Thouars (Deux-Sèvres), moustache en bataille, pupille dilatée par les vapeurs de cette essence F dont il se sert pour lustrer ses rails, Dominique Milon lance aux siens passablement inquiets : « Je crois que je me suis encore bien amusé. » « Après quelques tours, je suis en osmose avec la voiture, admet Dominique Barthomeuf. Elle vole au-dessus de la piste et je flotte avec elle. » Les longues soirées de slot entre copains organisées par Gilles Labrouche fleurent la nostalgie. « Ça me rappelle Noël », glisse Denis Bontemps.
Et oui, tout a commencé sous un sapin. Le circuit routier électrique, c’était le cadeau idéal d’un père à son fils. Un passage de témoin. Un legs. Mais à qui est vraiment destiné ce jeu singulier ? On l’offre aux gamins mais ce sont les adultes qui en rêvent. C’est en grandissant qu’on prend toute la mesure du génie impertinent de cette reconstruction du réel, fascinante petite machine à remonter le temps qui passe, à conjurer les temps qui changent. Sinon pourquoi les vitres embuées de l’ancien local de tri du bureau de poste de La Mothe-Saint-Héray continueraient-elles à diffuser leur lumière mélancolique tel un fanal dans la nuit sucrée de l’enfance ?
Diegop- Nombre de messages : 126
Date d'inscription : 08/04/2015
Re: Le Monde dédie un article au Slot !!
Article très intéressant comme souvent avec "le Monde"
Je connais bien les sloteurs de la Mothe , ils font partie du CSO
et organisent même une manche (dans le bureau de tri) cette année .
Merci Diego pour ce partage très intéressant .
Je connais bien les sloteurs de la Mothe , ils font partie du CSO
et organisent même une manche (dans le bureau de tri) cette année .
Merci Diego pour ce partage très intéressant .
cheetah31- Nombre de messages : 3023
Age : 66
Localisation : dans sa cage avec Tarzan
Voiture favorite : cheetah , bien sûr
Surnom : cheetah 31
Date d'inscription : 06/04/2009
geo- Nombre de messages : 976
Age : 62
Date d'inscription : 12/10/2013
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